La reconstruction du sein après un cancer – quelle méthode choisir

Il existe 5 types de reconstruction mammaire pour les patientes ayant eu recours à une tumorectomie ou une mastectomie pour traiter un cancer du sein. Il revient au chirurgien d’évoquer avec sa patiente chaque possibilité et de lui en expliquer les tenants et les aboutissants, afin de choisir la technique la plus adaptée à son cas personnel.

La reconstruction mammaire immédiate

La reconstruction mammaire immédiate présente l’immense avantage de pouvoir être réalisée au cours de la même intervention que celle de l’ablation du sein. La majorité des patientes traitées par mastectomie sont accessibles à une reconstruction mammaire immédiate, quelle que soit la nature de leur traitement (chimiothérapie, radiothérapie, etc.).

La reconstruction mammaire immédiate permet d’amoindrir les cicatrices de l’intervention, en même temps que d’éviter le traumatisme engendré par la mastectomie. La peau qui renfermait le sein est conservée, parfois même avec l’aréole et le mamelon, ce qui permet un résultat plus naturel.

Le chirurgien a le choix entre plusieurs techniques de reconstruction mammaire immédiate : par lambeau, injection de graisse ou prothèse. Il lui revient de choisir la plus adéquate selon chaque configuration, après une concertation avec sa patiente.

Le chirurgien procède ensuite à la reconstruction du mamelon et de l’aréole — s’ils n’ont pas pu être préservés — pour retrouver l’esthétique naturelle du sein.

Les différents types de reconstruction mammaire

La reconstruction mammaire par prothèse

La reconstruction mammaire par prothèse permet de modeler un nouveau sein sur mesure pour obtenir une parfaite symétrie. Elle constitue la technique la plus simple. Le résultat est instantané et, pour ne laisser aucune nouvelle marque, le chirurgien incise sur la cicatrice de la mastectomie. Il peut même procéder à un travail de chirurgie esthétique pour réduire cette cicatrice.

Toutefois, si un œdème se forme, ses stigmates peuvent subsister quelques jours, voire quelques semaines. Dans tous les cas, il faut quelques mois pour que les tissus retrouvent de la souplesse, en même temps que leur volume naturel.

La reconstruction mammaire par prothèse est proscrite en cas de traitement par radiothérapie, à cause de l’altération de l’élasticité de la peau par les rayons.

L’intervention sous anesthésie générale dure entre une et deux heures et nécessite ensuite le port d’un soutien-gorge de contention.

La reconstruction mammaire après un traitement conservateur

Si le traitement conservateur évite de recourir à la mastectomie, l’aspect du sein peut cependant être affecté. La reconstruction mammaire permet alors de rectifier les déformations ou harmoniser l’asymétrie engendrée par rapport au sein n’ayant pas été touché. Il est d’ailleurs possible d’opérer ce sein — dit controlatéral — pour rétablir la symétrie.

Les techniques pour corriger les stigmates de la tumorectomie sont diverses. La plus courante est le lipofilling en ambulatoire (voir paragraphe suivant). Il est aussi possible de poser une prothèse à la suite d’un traitement conservateur, ce qui nécessite une intervention plus lourde.

La reconstruction mammaire par injection de graisses

La reconstruction mammaire par injection de graisses est appelée lipofilling ou lipomodelage. Elle consiste à prélever de la graisse dans une partie du corps (cuisses, ventre, genoux ou hanches), pour la réinjecter dans le sein.

Dans le cas d’une reconstruction après un traitement conservateur, le lipofilling présente l’avantage de pouvoir être effectué en ambulatoire, ce qui évite de rester hospitalisée. Pour une reconstruction faisant suite à une mastectomie, l’opération peut nécessiter une anesthésie générale. La patiente conserve un pansement qui sera retiré dans les trois jours qui suivent.

Le lipofilling peut nécessiter plusieurs interventions pour corriger les imperfections. Elles doivent être espacées d’au moins deux mois.

La reconstruction mammaire par lambeau

La reconstruction mammaire par lambeau consiste à prélever des tissus autologues de la patiente, c’est-à-dire de son propre corps. Les « lambeaux » — constitués de peau, muscles et tissus — peuvent être issus :

  • du grand dorsal, situé dans le dos ;
  • du muscle grand droit qui est le muscle vertical de la paroi antérieure de l’abdomen ;
  • du DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator), logé dans la région abdominale.

La technique de la reconstruction par lambeau est la plus utilisée en cas de reconstruction immédiate. Elle garantit le résultat le plus naturel possible, grâce à l’utilisation de tissus humains, plutôt que d’éléments synthétiques dans le cas d’une prothèse.

Si les résultats sont les plus naturels, ils ne sont pas immédiats. Il faut prévoir d’un an à un an et demi pour constater les résultats définitifs.  La sensibilité du sein sera impactée, elle réapparaîtra progressivement dans les mois qui suivent l’opération et s’améliorera dans la plupart des cas 1 à 2 ans après la reconstruction mammaire.

Cet article a été rédigé en collaboration avec le Dr Benjamin Sarfati, chirurgien spécialisé en chirurgie esthétique, chirurgie plastique et reconstructrice et fondateur du Centre de Chirurgie de la femme Paris (CCFP). Site: www.docteursarfati.com